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1 juillet 2011

Analyse de "La puberté proche ou les Pléiades" (Max Ernst)

Ernst--la-pubert--proche-ou-Les-Pl-iades

Le personnage central est une femme nue en suspension     sur un fond bleu. Une très jeune femme sans   visage…anonyme donc. Son pied gauche est habillé d’une socquette (comme une petite fille) évoquant « la puberté proche », sa jambe droite porte un bas… Une jeune fille en suspension entre sa puberté nouvelle, et son destin de femme…

 

A l’origine il s’agit d’une femme nue sur un divan, mais Ernst, au découpage, escamote son visage, ne laissant que la chevelure, et fait passer le personnage de l’horizontale à la verticale.

 

Le titre « Les Pléiades » suggère une constellation d’étoiles.

 

La poésie écrite au bas du tableau de la main du peintre, semble une dédicace, un message laissé à celui qui contemple et s’interroge :

 

« La puberté proche n’a pas encore enlevé la grâce tenue de nos pléiades

   Le regard de nos yeux pleins d’ombre est dirigé vers le pavé qui va tomber

   La gravitation des ondulations n’existe pas encore. »

 

« Le pavé qui va tomber » en bas à gauche de la composition, évoque la force de gravité qui s’oppose à l’élévation des astres. Ernst glisse du phénomène physique exercé par la terre, à une attraction d’un autre ordre, exercée par le corps féminin : la force du désir.

 

Le fond bleu figure le ciel, tandis que les effilochements argentés, placés en haut du tableau, font penser à des ailes. Cependant, l’essentiel n’est pas de chercher le sens des symboles  ici et là, mais plutôt de se laisser envahir par cette sensation de sérénité rare qui se dégage de l’ensemble : dans l’harmonie chromatique de l’étendue bleu pâle et du jaune sable on perçoit les « ondulations » de la mer, et les vagues d’un ciel en train de devenir, par ce mouvement, une mer : le violet, l’indigo, l’outremer étant animés par un même rythme de flux et de reflux.  

 

Dans le texte énigmatique, le mot « grâce » pourrait à lui seul qualifier ce collage. L’artiste nous invite à nous rallier à la beauté lumineuse et le désir, autre force d’attraction plus sublime et subversive… Mais il se peut que nos « yeux pleins d’ombre » ne puissent pas voir la beauté, attirés par  le point de chute du tableau (le pavé qui tombe) encore plus que par la grâce de la femme-astre en état d’apesanteur.

 

Avec cette œuvre, Max Ernst offre à notre regard surpris une image rayonnante, et à notre esprit incrédule un texte mystérieux qui nourrit l’imaginaire.

 

N.B. : Volontairement j’ai renoncé à interpréter la sphère centrale, (certains voient la représentation du globe terrestre) ainsi que l’élément vermillon (qui n’est, à mon avis, qu’un élément de couleur destiné à ramener le regard au centre du tableau). Comme je le dis précédemment, l’essentiel est l’impression générale. L’art pictural n’a pas de vocation élitiste, et ne s’adresse pas exclusivement aux « intellectuels », le plaisir doit être avant tout purement sensoriel, la peinture se reçoit, avec émerveillement et sans grand questionnement.

 

Source: Eva Baila

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